Trouve un avenir et tais-toi
Qu'est ce que tu veux faire quand tu seras grand ? Qu'est ce que tu veux
faire plus tard ? Combien de fois les avons nous entendues ces questions usées
jusqu'à la corde ? Des dizaines, des centaines de fois ? Comme si à 10, 15, 20 ans
on était uniquement préoccupé par notre devenir... A bientôt 21 ans, j'en sais
quasiment foutre rien de ce que je vais engager et ce malgré un discours officiel
d'orientation rabâche dès le plus jeune âge. Des choix, toujours des choix.
Parlons plus sûrement de pseudo-choix, de fausses données. L'illusion de l'éventail le plus large
nous est donnée, l'illusion uniquement car au final la grosse majorité se
retrouve à la fac et ses dérivés...
Classe européenne ou pas, arrêt à la troisième ou poursuite en bahut
généralisé, S/ES/L... Car notre système éducatif est diantrement mal foutu. Il
est à l'image de notre pays : sclérosé, valable il y a quelques années, allant de
fausses réformes en sauvetages bidons, avec beaucoup de théorie mais bien peu de
pratique. Malheureusement, le diplôme engendre la course au diplôme. Quand on
sait qu'il faut un bac+2 pour faire caissière aujourd'hui. Métier que je ne
blâme pas mais arrêtons la surenchère. Où est ce qu'on va ? Droit dans le mur.
Et s'il n'y avait que le diplôme... Alors que dire de son contenu.
Misérable étudiant moi même, il m'a fallu attendre la troisième année pour
commencer à entrapercevoir l'intéressant. J'ai dit intéressant pas captivant.
Deux longues années avec des programmes sortis dont ne sait où. Pour exemple
mémoriaux: l'année 1917 dans la première guerre mondiale (L1), l'année 1945 dans
la seconde (L2). Présentation est faite par le même prof qui, du haut de sa
superbe et de son air suffisant, semble nous apporter la Lumière, le Savoir
Absolu.
Mais de qui se fout-on ? J'ai catalogué deux types de profs à la fac : les
dinosaures (nés avec le bâtiment), en général également directeurs d'UFR et
autres départements, snobinards comme par deux avec des cours tout droits sortis
d'Encarta; et les doctorants. Eh oui, vu le manque de personnels, on recrute là
où il y a du monde. Ceux là sont à peine plus vieux que leurs élèves,
généralement plus vachards en notations que leurs aînés (zèle quand tu nous tiens). Et la nouvelle fournée m'a l'air plus qu'au rabais. Mais
passons.
C'est triste à dire mais une troisième année de fac et pas le moindre bon prof en vue. Tu parles d'une motivation : cours barbants avec des
enseignants qui ne le sont pas moins. Pas étonnant que l'on ait envie de rester
pioncer le lundi matin. Remarque, je m'inscrit là dans la continuité de ma
scolarité. Y'a pas à dire, ça a été profs raseurs sur emmerdeuses (à part
quelques exceptions notables qui tenaient du miracle). La différence entre la fac
et le collège / lycée, c'est qu'à l'université les profs te font pas chier (doux
euphémisme) tandis qu'au collège ils ne te lâchent pas (pour ma part du
moins).
Entre le sadique, la folle, la névrosé, les gueulards... Y'avait l'embarras
du choix avec encore et toujours des programmes tirés tout droit du temps de
l'AOF. Les maths et les théorèmes dont on se fout éperdument, le français où
l'on doit encore apprendre des poèmes et lire nos classiques, l'histoire / géo
qui, tout au long de ces interminables années, suivait les mêmes schémas (du genre la
France est la 4ème puissance mondiale). Mais la palme d'or revient aux langues étrangères, tellement d'ailleurs que nos maîtres ne les parlaient plus que difficilement. Ça doit bien faire, disons 10 / 11 ans, que je m'évertue à apprendre
l'allemand (encore un beau gâchis) et même pas capable d'aligner trois phrases
sensées et compréhensibles. J'ai quelques arguments à mon corps défendant: 1:
les profs ont pensé que maîtriser la traduction de moustache ou de montre à
gousset était utile à l'étranger (pour draguer un magnat des finances peut être,
et encore on est plus au XIXème), 2: en première, j'ai effectué mon seul
voyage "linguistique" à Berlin.
Un nouveau Waterloo en son genre : seules bribes de mots échangées avec le
dragon qui nous servait de logeuse, le reste de la visite effectuée au pas de
course et tambour-battant derrière l'état-major des profs.
En y repensant ma scolarité est un grand n'importe quoi. Bon, je bosse pas
encore à l'usine (l'expérience estivale m'a suffit au possible) mais l'avenir
n'en est pas dégagé / radieux / beau et bleu pour autant. D'ailleurs je préfère
quelque part me complaire dans le négatif, au moins on a quelque chose à dire et
il faut du temps pour changer les habitudes. Tout ça pour expliquer le fait que je n'ai
qu'une vision limitée de l'avenir (et c'est peut être pas plus mal). Je sais
qu'une chose mais celle là, j'en suis certain : à un certain niveau d'études, à
une certaine maturité, celle où l'on apprécie la lecture, les livres, les débuts
en zic, bref le temps où les profs tombent de leur piédestal (leur sacralisation
a t-elle déjà existé, a t-elle un sens ?) et où l'on se fait par soi même (à
moins de ne pas ressentir l'envie / le besoin d'aller voir ailleurs, et beaucoup
doivent se placer dans ce cas de figure, grand bien leur fasse), bref j'ai
fini par me déniaiser...
Sans vantardise aucune, l'école ne m'a plus rien appris. Les conversations
entre amis bien plus... A mon goût l'éducation a perdu sa vocation
d'apprentissage pour celle d'abrutissement collectif. A nous de sortir du
lot.
Et comme piqûre de rappel et de par son intemporalité, ce qui la rend
toujours plus crédible :
"We don't need no education
We dont need no thought control
No dark
sarcasm in the classroom
Teachers leave them kids alone
Hey ! Teachers !
Leave them kids alone !
All in all it's just another brick in the
wall.
All in all you're just another brick in the wall.
We don't need
no education
We dont need no thought control
No dark sarcasm in the
classroom
Teachers leave them kids alone
Hey ! Teachers ! Leave them kids
alone !
All in all it's just another brick in the wall.
All in all you're
just another brick in the wall.
"Wrong, Do it again !"
"If you don't
eat yer meat, you can't have any pudding.
How can you have any pudding if you
don't eat yer meat ?"
"You ! Yes, you behind the bikesheds, stand still laddy
!" Pink Floyd