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Omsk, petit quidam ne faisant pas de vagues.
8 novembre 2008

L'or et la fange

lynchage

Il y a quelques mois à peine, je ne donnais pas l'once d'une chance à Obama d'être élu président des États-Unis au motif d'une peau trop foncée pour beaucoup. L'échéance du 4 novembre infirmant mes propos, voici donc un article se voulant pour une fois en phase avec l'actualité.

Pour autant, je ne serai pas de ceux, nombreux de par le monde, à rester béat devant cet homme, aussi bon orateur soit-il. Affranchissons nous plutôt du symbole et du mythe, au lieu de croire innocemment qu'en auguste seigneur Obama présidera justement aux destinées mondiales. Depuis les résultats tombés et définitifs, depuis de nombreux syndromes évacués (le raciste qui renaît dans le secret de l'isoloir), certains prétendus experts ou analystes se sont purement et simplement lâchés, faisant fi d'une réalité pourtant plus complexe.

Ainsi, on a vu en cette élection la fin de toute ségrégation, l'émergence d'une Amérique métissée et tolérante, donnant à chaque citoyen sa chance et dépassant pour de bon ses clivages et vieux démons. Exit le Ku Klux Klan et plus généralement le racisme dit ordinaire à l'œuvre dans le sud et l'ouest profonds. Moi, ce que je constate, c'est que la géographie politique du pays n'a guère bougé depuis une quarantaine d'années, lors de l'élection de Lyndon Johnson. Grosso-modo, la côte ouest et nord-est est acquise aux démocrates, le Midwest et le sud-est sont farouchement républicains et difficilement accessibles à tout candidat catégorisé gauchiste, qu'il soit noir ou blanc.

Or, brusquement, ce bloc pétri de fondamentalisme, chérissant le deuxième amendement constitutionnel, vivant dans l'ignorance du reste du monde, est passé à la trappe. Peut être ne correspondait-il plus à cette Amérique qu'on voudrait nous faire avaler ? Assez dur à croire alors qu'ont défilées en boucle des images de vieux blancs à casquettes affirmant ne pouvoir voter pour un nègre, un socialiste ou un arabe poseur de bombes. Rappelons-le : pour un tiers de l'électorat blanc (toutes professions confondues), noir rime avec au moins un de ces qualificatifs : fainéant, voleur, dangereux, reprenant avec vigueur plusieurs siècles de théories obscurantistes raciales. J'ai peur de ces masses rustres, différenciées du Moyen-Age par le pick-up et le fusil automatique. Obama vient du Kenya ? Damned, un pays arabe !

Beaucoup voyaient en Sarah Palin l'hockey mom de leurs rêves les plus fous. Pensez-donc : une femme qui leur ressemble en tous points, de la connaissance de l'extérieur ("l'Afrique est un pays" / "Je vois la Russie de ma fenêtre", parlant de sa maîtrise de la géopolitique globale) à la culture autre qu'MTV (Palin était incapable de citer un grand quotidien national) en passant par le refus d'avorter et de garder un enfant trisomique... McCain, en revanche, n'avait non pas ma sympathie mais n'était pas catégorisé comme vieux con incompétent ou clown. A Obama, le rôle du gentil; à son rival républicain celui du salaud. La plus grosse gaffe de John fut de déclarer au début de la crise financière que l'économie était solide. "Hormis" cela, ses propositions ne différaient guère du programme de celui d'Obama, tant il est vrai qu'en matière de politique, les candidats ne sauraient prendre de décisions révolutionnaires, de peur de fâcher d'importants lobbyings.

Les mandats de Bush étaient à ce point calamiteux, qu'il était difficile au dauphin de s'en dédouaner totalement. Somme toute, Obama n'est que le talentueux représentant d'un parti centriste partageant presque à égalité le pouvoir avec l'adverse éléphant rouge. Un homme ayant suffisamment à faire pour conserver le leadership américain, ne peut secourir (et n'en a pas les moyens) les miséreux de cette Terre. America First, le reste après. Voilà pourquoi il est ridicule de voir des bobos parisiens danser devant des écrans géants. Gageons d'ailleurs qu'Obama ne se transforme en Obamou; crise mondiale et réalités du terrain mettant en fuite belles promesses pré-scrutin. Auxquelles on peut ajouter un sénat pas complètement bleu...

J'attends quelque avancée dans les domaines climatiques et environnementaux, pour les "affaires courantes" mieux vaut rester réaliste, on tombe de moins haut... Néanmoins, cette élection restera historique, déjouant pas mal de pronostics (dont les miens) dans un pays qui, toujours hanté par les barrières raciales, n'en est pas moins pour un temps sorti de sa torpeur. Si Obama était le seul sénateur afro-américain du Sénat, il y a tout de même 10 000 élus noirs de terrain à travers tout le pays, preuve qu'ils ne percent pas que dans le cinéma et le sport. De quoi rabattre le caquet d'une Europe donneuse de leçon mais incapable de balayer devant sa porte. Quand ce n'est pas Sarkozy se vantant d'exporter sa rupture de l'autre côté de l'océan... Pas si loin pourtant le temps où Naboléon allait passer ses vacances à Wolfeboro et partager le couvert dans le ranch du clan Bush...

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