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Omsk, petit quidam ne faisant pas de vagues.
6 février 2009

Du Rififi à Munich

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Achtung ! Au vu du faible nombre de réactions concernant le dernier article, qui se voulait pourtant sérieux, l'auteur vous livre dès à présent une de ses aventures dont il a le secret. J'espère que les non-initiés et les gens de passage comprendront que cette chronique ne fait l'apologie ni de la xénophobie ni de l'antisémitisme. Ou pas.

Deux ans. Voilà deux ans que je n'avais pas mis les pieds à l'extérieur de notre gentil Hexagone. Deux ans à regarder une population pinailler sur les mêmes conneries, à tourner en rond dans le même bocal, à élire des dirigeants toujours pires... Bien évidemment, je n'ai nullement passé tout ce temps dans un mouroir et les bons moments furent légions. Néanmoins, vient un jour où la France des droits de l'Homme et du Café du Commerce lasse. Il faut donc soulever le couvercle et aller voir à l'extérieur, ce qui est à mon sens vital et formateur. Viendra je l'espère un jour où je pourrai tailler la route dans un pays lointain. Somme toute, ce coup-ci relevait plus de l'escapade que du voyage extrême. Destination l'Allemagne. Plus précisément dans le sud bavarois, à Munich. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, ce sont les mêmes bras cassés qui répondirent présent. Moi-même et Mister K., humble Sancho Panza et coolie à l'occasion.

Bizarrement, la liaison Paris-Roissy fut assurée avec diligence et notre avion trouvé rapidement. Peut-être le souvenir du fiasco précédent était-il assez fort pour ne pas réitérer l'affaire ? Les affres des contrôles derrière nous, je me suis discrètement fait ma petite tambouille interne, à savoir : je n'aime pas l'avion, machine où l'on ne doit sa survie qu'à une personne qui peut picoler, avoir un grain ou vient d'être largué par sa femme (les trois choix sont associables). Une p'tite giclée de Motörhead acheva de me bousiller complètement les tympans. Il aurait mieux valu prendre un mélange type Delarue, en mixant alcool et médocs.

Un froid continental et la discipline allemande nous accueillirent. La discipline parfaitement ! Je ne parle pas de la discipline qui, de 1933 à 1945, a fait des miracles et sur laquelle je pourrai disserter des heures. Non plutôt de celle efficace, quoique étiolée, qui prévaut aujourd'hui. Des gens propres qui ne traversent qu'au vert et ne marchent pas sur les pistes cyclables. De quoi rabattre le caquet des races latines abâtardies dont nos fiers voisins transalpins (je vous la fait courte, ce sont des Italiens) étaient les plus nombreux représentants. Trêve de bavasserie, il nous fallait trouver notre logement. Ce qui fut fait (trop) rapidement. Tous ces enchaînements limpides et réussis ne pouvaient augurer que du pire...

ET BINGO (paraphrasant ainsi le philosophe et tueur à la petite semaine qu'est Ben de C'est arrivé près de chez vous, aux alentours de 19 minutes et 41 secondes de ce fantastique film, après avoir refroidi Mamie Tromblon) ! Horreur, la pension n'avait l'air squattée que par des mous du bulbe à majorité anglo-saxonne. Nous avions réservé une chambre prévue pour héberger 6 personnes, en suivant le raisonnement suivant : ce sont les fêtes de fin d'année, il n'y aura donc pas trop de voisins bruyants à nos côtés. Le calcul s'est avéré foireux et nous avons ainsi partagé la pièce avec des Yankees et des Néo-Zélandais; la population se renouvelant tous les deux jours environ.

Marrant comme l'histoire se répète ! L'auberge de jeunesse me fesait furieusement penser à mon idyllique et regrettée collocation rennaise, les niaiseux et envahissants Américains se substituant aux fatigants hippies. Exit les cris de jouissance, bonjour les ronflements sonores et les séances toilette. Dans ce joyeux cheptel, ma préférence allait aux Amériques, en l'occurrence une fille de San Diego et deux embouchés texans. On a eu droit aux deux extrêmes : d'abord, la soi-disante bourgeoisie éclairée et intellectuelle de la côte ouest; ensuite les culs-terreux incultes du centre. La première amorça une conversation, tant il est vrai que les Anglo-Saxons sont volubiles et ont le contact facile. Elle avait voté Obama. Pourquoi ? Mystère. La questionnant tant bien que mal dans un anglais pauvre et hésitant, j'essayais de la pousser dans ses retranchements sur des thématiques sociétales et géographiques. A mon sens, j'y parvins.

Voter Obama c'est cool. Il passe bien à la télé et sur YouTube; en tout cas mieux que le vieux machin gâteux, recousu après le conflit vietnamien, fossile du passé dont on attendait seulement qu'il retourne en Arizona. Quand à savoir ce que le candidat démocrate allait faire en matière d'immigration, nada ! C'est quelque peu embêtant lorsque l'on vit dans une mégalopole californienne mitoyenne de sa consœur mexicaine Tijuana. Par la suite, je suis tombé un peu plus dans un puits sans fond en discutant politique étrangère américaine de la guerre froide. And what about Mobutu ? Pinochet ? Who (en écarquillant bien grand ses yeux de baleine échouée) ?! J'ai fini par clore le débat, mon peu de vocabulaire s'associant à son manque de culture.

Ses comparses texans (Marc et Ducon) ne nous adressèrent guère la parole, se contentant d'être bruyants. Marc avait le don de faire tous les bruits inimaginables avec sa bouche, son concerto étant ponctué de pets sonores à intervalles réguliers. L'autre gars prenait le relais quand Marc avait les bronches trop engluées ou qu'il venait à manquer de souffle. Ils frôlaient les sommets en revenant bourrés à la bière (nous aussi, mais c'est pas pareil) en ponctuant leurs échanges de yeah, fuck (à prononcer faque), bitch, jesus et oh my god. Ce fut globalement l'ambiance qui régnait céans, avec des variations (les Néo-Zélandais étaient un poil plus éduqués). Mais alors que faisait Super-Dupont, vous demandez-vous ?

Ses représentants sur le terrain passaient une bonne partie de leur temps à refaire le monde, généralement devant un plat de porc et de patates, agrémenté d'un litron de bonne bière bavaroise (3 à 4 repas par jour en moyenne). De temps en temps, et pour se donner bonne conscience, nous en sommes venus à nous oxygéner les neurones : à la pinacothèque et au KZ de Dachau. La première mélangeait à certains artistes (re)connus (Klimt, Picasso, Dali, Matisse...) des œuvres plus hasardeuses, dont on peinait à trouver le sens et le but; si ce n'est qu'elles illustraient assez bien le fait que l'Art (avec un A majuscule, médème) recouvre à peu près tout et n'importe quoi. Ici les peintres, du haut de leur supériorité intellectuelle et de leur égo surgonflé (à moins qu'ils ne cherchassent juste à faire de l'argent facilement sur le dos des crédules), nous gratifiaient de gribouillages à la craie sur tableaux noirs ou de croûtes unicolores ! Bien sûr, les gens avalent ça d'autant plus facilement qu'ils n'y connaissent pas grand chose, argumentant à l'envie sur de prétendus talents de vrais escrocs.

Changement d'air à Dachau. Du camp, il ne reste quasiment rien. Une fois franchie la porte d'entrée, barrée de la maxime Arbeit macht frei, le visiteur débouchait sur la partie administrative (transformée en musée) du site. Un peu plus loin se tenaient encore debout les derniers baraquements, derrière lesquels attendaient les fours crématoires et la chambre à gaz. Des nombreuses personnes présentes, nous étions les seuls (ou presque) à ne rien photographier. Si manier l'humour noir est une chose, se masturber et dans les pensées et dans les actes devant les crimes et les massacres du passé en est une autre. Combien étaient-ils à se rincer l'œil dans la chambre à gaz ? A zoomer dans le trou des fours (pour la soirée diapo) ? A faire le meilleur cliché d'expériences menées par les sadiques "docteurs" SS ? De ce point de vue, Dachau est une halte agréable ! Dommage qu'ils n'y aient pas installés une buvette... Classique sur la Shoah, la visite était instructive sur les touristes de notre temps, et par extension sur nos sociétés en général (où, quand les gens quittent leur confort, c'est pour sauter à pieds joints dans le plat).

Dachau / Pinacothèque : un partout, la balle au centre. Mis à part ces deux sites, nous parcourions la ville en large et en travers, slalomant entre les tramways, finissant parfois au fond de parcs, là où la bise se faisait mordante, à chercher des mares gelées desquelles on brisait la glace à coups de gourdins... Petits moments de détente, laissant les Allemands de passage consternés. Le soir venu, une pinte de délicieuse Radler dans nos brasseries réservées de Marienplatz achevait de nous calmer.

Cela dit, on pourrait croire que, "mis à part" l'auberge de jeunesse, tout allait pour le mieux. Ce serait sans compter sans cette catin de malchance, faisant comme toujours le sel de toute expédition qui se respecte. Sans trop bavasser sur mes malheurs, on peut citer : un 31 décembre non organisé, fini à la bière (où je fus alpagué par un serveur alors que je me dirigeais vers la sortie, muni de ma choppe à moitié pleine et dans l'espoir de la subtiliser*) / une presque bagarre avec des Skins italiens éméchés, s'énervant d'autant plus que Mister K., et son honneur mal placé, refusait de trinquer avec eux à la nouvelle année (qui risquait de bien commencer) / un enferment évité de justesse dans l'ancien hôtel de ville, dans lequel nous nous étions incidemment glissés.

Et comme d'habitude, quand on commence à se sentir bien dans le pays en question, c'est le moment de rentrer chez soi dans son train-train bien huilé. Avant de grimper dans l'avion, pour nous préparer à la funeste réalité française, étaient mis à disposition nos "grands" quotidiens nationaux, Figaro en tête titrant sur la guerre à Gaza (en attendant la prochaine) et l'enfant de Dati (qui, hélas, était en bonne santé). Seigneur... Le pilote, quand à lui, jugeait préférable d'atterrir en deux fois, histoire de me faire gamberger, aidés par les passagers dont le sujet de discussion rigolard touchait justement aux accidents...

Bilan des courses : Munich est une ville tout à fait agréable (plus encore en été, j'imagine) dont on fait aisément le tour en une semaine. Une ville comme je les aime, ni primatiale ni trop petite, bien déservie et agréable à vivre. Un petit bémol toutefois : la nourriture locale est répétitive bien que consistante. La bière vaut cependant le détour, en quantité et à bon prix. Un endroit ayant le mérite de m'avoir fait renouer avec l'étranger et avec l'Allemagne, avec toujours dans l'intention d'expérimenter toujours plus loin, sacré nom de Dieu. Prochaine étape : pèlerinage à Bertchesgaden.

* M'en fous, j'en ai ramené quatre. Et paf !

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Commentaires
O
Oh oui ! Remarque, on est tous le con de quelqu'un. Inutile de dire que ma volonté de ne pas me conformer à tout, de se cultiver une identité propre (sans faire de l'autosatisfaction non plus); ne plaît pas à tout le monde. Crois-moi, c'est dur d'avoir une voiture banalisée des services secrets stationnant tous les jours devant chez soi, et d'être constamment filé par les R.G...
S
Entre les texans et Dachau, bel échantillonnage de connerie environnante. Pas dû être si dépaysé que ça en rentrant.
Omsk, petit quidam ne faisant pas de vagues.
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