Faut-il rire de tout ?
Beppo est médecin du travail dans une grande entreprise. Oh, rien de bien passionnant à ça. Pourtant Beppo bosse dur. C'est qu'il en reçoit du monde le bougre. Mais, consciencieux, il s'y connaît pour débusquer les tirs au flancs, différencier le bon travailleur du fainéant notoire. Mais rien à faire, il a beau mettre tout son cœur à l'ouvrage, ça l'ennui. Son truc : les gosses. Il aimait souvent à le répéter : "Moi, mon dada, c'est les enfants." Toujours une sucrerie dans la poche, une petite tape amicale, un clin d'oeil en coin le Beppo.
Seulement, Beppo, on le lui avait jamais dit de crainte de le froisser, mais il faisait peur aux enfants. Quand les familles venaient rendre visite aux travailleurs, il suffisait qu'il s'en approche pour que ces derniers s'en aillent pleurer dans les jupes de leur mère en le regardant, terrorisés. Beppo, il se vexait peu voire jamais. Dans ces moments là, il ne se départissait pas de son sourire et indiquait malgré tout la direction des baraquements où ils allaient rejoindre leurs pères. Posé Beppo, calme mais toujours un rictus aux lèvres. Ça devait être ça. Même affublé d'un nez rouge, d'une postiche et de chaussures de clowns, ça ne marchait pas.
Gott, unmoglich. Alors, Beppo retournait au boulot, le cœur tout chamboulé. Ah le pauvre, personne ne le prenait au sérieux. Et un matin, au bloc, il a un éclair de génie : puisque je n'inspire pas la confiance aux mouflets, je vais agir plus discrètement. Et puis Beppo a une idée, l'idée du siècle : constituer un cirque avec des numéros complètement novateurs, crées par lui-même en heures supplémentaires, bien évidemment. Aussitôt dit, aussitôt fait. Toujours là à la descente du train Beppo. Mais l'œil plus exercé que naguère. Il lui fallait des graines de champion pour les numéros. Mais ils étaient plus que rares. Ses cibles privilégiées ? Les jumeaux. Les nains, aussi il aimait bien. Mais, il devait les conditionner avant de partir pour la tournée mondiale qu'il prévoyait. Malheureusement la plupart du temps, quelque chose coinçait.
Malgré des efforts de titan, ses jumeaux n'y arrivaient pas. Beppo finissait par penser qu'il y mettaient de la mauvaise volonté, du sabotage même ! Il sortait de là tout énervé. Faut dire que Beppo était très mauvais médecin, sa préparation physique généralement insurmontable pour les gamins. Mais ça motus, inutile de lui en parler. Il voyait grand pour son cirque : le numéro phare devait être celui des frères siamois, création Beppo bien sûr. Il se rapprochait du chef d'œuvre ultime par bonds successifs : atrophie du foie, injection de colorants... Rien ne me rebute aimait il déclamer à son entourage. Mais ça marchait pas, ça n'avançait pas et les échéances qui s'accéléraient. Fin janvier maintenant.
Ses commanditaires, des russes apparemment, voulaient le recontrer en personne. Et aucun résultat. Furieux, il pris le premier avion et s'en alla loin, très loin. Abandonnant cobayes et éprouvettes. Considérant que la Vieille Europe était encore étrangère à ses théories, il espéra trouver ailleurs un public compréhensif. Mais sans le sou Beppo fut rejeté comme un malpropre. Lui, ce génial visionnaire ! Dégoûté des hommes mais pas des enfants, toujours prêts à les aider, il ouvrit une petite boutique de jouets, tout en poursuivant ses chimères dans l'arrière boutique. Il ne trouva malgré tout jamais le succès escompté...
Maintenant tombons le masque, levons le voile et justifions donc du titre de cet article. Je vous vois avec vos tronches de merlans fris, pensant pourquoi intituler cette histoire par un questionnement plutôt polémique (ça manquait, j'essaye de combler le vide). Car Beppo est le surnom de Mengele, l'ange de la mort d'Auschwitz. Et son histoire, hélas vraie, dans ses détails les plus macabres. Alors pourquoi cet article ? D'abord pour choquer évidemment, même si mes lecteurs ont du, suite aux précédents sujets, entrapercevoir ma personnalité : donc de gauche mais avec un humour discutable (sur lequel on peut débattre, je ne le remet pas en cause). Si on me taxe de facho, alors le message est mal passé, depuis le début... Maîtrisant moi même un brin le sujet, je peux me permettre de tenir ce genre de propos, tout en condamnant, mais est il besoin de le rappeler, l'holocauste et les "expériences médicales" qui l'ont accompagnées.
Mon article se veut faire l'écho d'une réalité entrant dans nos moeurs bien pensants. Après le négationisme, le relativisme, on a désormais le droit à la normalisation. Je m'explique. Dans une "émission politique" sur la 2, le Pen, invité faisait rire l'assistance sur des expulsions (au pire), bénéficiait d'une neutralité bienveillante quand il se proclamait (sans rire) du centre droit (au mieux). Le Pen "démarginalisé", pourquoi pas Hitler jeté aux oubliettes ? C'est vrai, c'est tellement chiant de lire un livre ou de mater une vidéo en noir et blanc. Alors on préfère fermer les yeux et oublier. C'est tellement plus facile, et puis tout ça c'est vieux, loin, on en dirait presque démodé. Alors j'espère des réactions, sinon bordel de cul de vérole de merde, je ferai pire la prochaine fois.