Death or Glory
La France va mal ! Aux armes citoyens ! Attendant avec fébrilité les résultats des présidentielles, nous devons en plus nous fader la nouvelle scène musicale parisiano-parigo-parisienne. 2007 sera l'année de toutes les ruptures ou ne sera pas. Naast et autres Plasticines sont bien décidés à nous faire chier, à nous gaver jusqu'au vomi auditif. Ah qu'il semble loin et révolu le temps où un Hendrix immolait par le feu sa Fender, où un John Kay beuglait à qui voulait bien l'entendre Born to be Wild, où le groupe psyché californien Quicksilver Messenger Service enduisait ses places de concert d'acide ...
A ma gauche, les contre. Considérant que cette "relève" n'est rien d'autre qu'un paquet de merde qui n'aurait jamais dû réussir à s'extraire d'un caniveau nauséabond, n'ayant par conséquent aucun lien avec le monde du rock (si ce n'est avec une partie de ses critiques), les contre s'insurgent du fait que les Naast et autres soient érigés en véritable précepte voire carrément renouveau d'un genre musical. Alors certes le rock est quasi indéfinissable, regroupant en son sein des courants aussi éloignés que le psychédélique, le progressif, le hard, le grunge, le métal et ses multiples variantes (speed, black...) et des artistes aussi différents que Led Zep, Pink Floyd, Scorpions ou Nirvana. Le rock s'est toujours globalement basé de bout en bout sur la contestation et un rejet des normes, même s'il n'a pas toujours pris la forme d'un nihilisme destructeur style Pistols.
Alors que reproche t-on aux Naast (je vais m'acharner sur ceux là) ? Premièrement un niveau des paroles très faible frisant le ridicule. Secundo un argumentaire encore à trouver quitte à défendre sa musique (autre que "ouais", "euh", "bin", "je trouve ça bizarre comme question", 'fin, je sais pas"). Et enfin la cerise sur la gâteau : la plupart sortent un clip et fréquentent (ou sont courtisés) assidument les médias avant de terminer un hypothétique album. Fini le temps donc où pour se faire connaître une formation devait tourner dans tous les petits rades minables de sa ville avant de, peut être, toucher un plus large public. Désormais tout est affaire de relations, de pistons. Joie de la comm', on joue en premier lieu chez Virgin avant de faire des concerts.
Quand Gustave, chanteur à la mèche rebelle enduite de Petrolan ose le "de toute façon le rock a toujours été de la merde", on est à deux pas de l'appel au meurtre. Le groupe a même poussé le luxe de se payer une suite dans son dernier clip (Tu te trompes, déjà tout un programme) sans rien bousiller. Ne sont pas les Who qui veut non plus... Enfin bon, à en croire Libé : "Si vous n'aimez pas les Naast, c'est que vous êtes vieux." Je suis donc fier, moi du haut de mes 21 ans et de mes références vieillottes et ringardes, d'appartenir à cette catégorie. En passant, chez Libération, on peut se permettre d'ironiser : c'est pas les vieux cons de 68 qui manquent...
Jeunisme oblige, partie de la presse, s'est faite l'écho des beaux quartiers et de ses bobos juniors en converses tous prêts à se damner pour Gustave le bellâtre aux yeux de merlan (belle tête à claques !) et pour Clod apprenti maquereau, l'excité du synthé aimant à exhiber son superbe torse imberbe. De par leurs efforts et leur talent, ils ont réussi (parait-il) à faire de Paris la ville la plus rock du monde. Dans ce cas, y'a du soucis à se faire pour le reste.
Alors affûtez vos pelles, aiguisez vos lames : il va pleuvoir du sang par hectolitres. Finalement on pourrait très vite synthétiser le débat en ressortant (c'est pas du luxe) pour le coup un peu de Groland.
"-Putain, y'a pas autre chose que cette merde ?
-Si ça te plaît pas, va chier. T'es qu'un connard toi.
-Toi, t'as qu'à te rouler ton Figaro télé et te le coller dans le cul, sale pute.
-J'te nique toi chiasseur.
-Allez tous vous faire enculez, bande de cons..."
Venant à mon tour d'apporter ma modeste pierre à l'édifice, attachons nous désormais à nous replonger à Motor City, ville ayant vu naître deux des plus grands groupes de notre temps à la fin des années 60 : MC5 et les Stooges. C'est tout naturellement la contre-manifestation de la révolte bourgeoise pré-pubère. Suffit de parler d'Iggy pour que cette clique de prétentieux s'en retourne la queue entre les jambes. Là on parle d'ode à la révolte, de performance scénique à couper le souffle. Sans être les musiciens les plus doués de tous les temps, ils nous ont sortis de vraies perles, on pourra retenir pour les meilleures (ça n'engage que moi): Kick out the Jams, Borderline, Teenage Lust, Looking at You ou Call Me Animal pour les MC5 ; Down on the Street, Loose, Search and Destroy, Gimme Danger (ma préférée) et bien d'autres encore pour les Stooges.
Les deux bands cultivent de nombreux points communs : Detroit, une durée de vie assez courte (de 1965 à 1972 pour les MC5, de 1967 à 1974 pour l'Iguane et les frères Asheton première version), un jeu énergique et la rage au ventre (peut être ça l'essentiel au fond). Alors d'accord Detroit et ses émeutes n'est pas le Paris et son 16ème. L'environnement lui aussi a changé et, faut-il le rappeler, le Viet Nâm a été en Occident (et en premier lieu aux USA) une période bénie de la contestation. Mais il existe un fossé voire un abîme entre notre ami Gustave et Rob Tyner.
Une fois ce constat très simple ancré, Naast and co peuvent aller gentillement se rhabiller. Mais pourvu que le calvaire cesse bientôt ! A moins que moi avoir tout faux de A à Z, bref je ne suis qu'un looooooooooooooooser...